Myrcène : Un terpène qui potentialise l’activité des cannabinoïdes

Qu’est ce que le Myrcène ?

 

Nom : Myrcène, beta-myrcène
Formule: C10H16
Nom IUPAC : 7-Metil-3-metileno-1,6-octadieno
Densité : 794 kg/m3
Masse moléculaire : 136,23 g/mol
Point d’ébullition : 167ºC
Présence : liquide huileux de couleur jaune, non soluble dans l’eau

 

Le Myrcène est un des principaux terpènes présents sur la plante de cannabis, il s’agit bien souvent du plus abondant et c’est sans aucun doute le plus étudié. Comme nous l’avons déjà vu dans notre article sur les terpènes du cannabis, il s’agit de composants organiques non psychoactifs qui permettent la présence des arômes et des odeurs caractéristiques de la plante, en plus d’apporter une série de propriétés à l’important potentiel thérapeutique. Les terpènes parfois appelés isoprénoïdes, sont des molécules dérivées de l’isoprène, ils sont donc considérés comme des hydrocarbures. Ils peuvent avoir 10 atomes de carbone, comme celui qui nous intéresse – nous parlerons donc de monoterpènes – ou 15 atomes de carbone, ce sont alors des sesquiterpènes.

Nous savons que les cannabinoïdes comme les terpènes sont sécrétés dans les têtes glandulaires des trichomes, où ils sont stockés. Mais le myrcène n’est pas produit uniquement sur le cannabis, on le trouve également sur d’autres plantes comme le thym, le persil, le laurier, la mangue ou le houblon. Il s’agit d’un terpène largement utilisé par l’industrie de la parfumerie et des flagrances, même s’il possède une série d’effets thérapeutiques qui sont de plus en plus étudiés par la communauté scientifique. De sont côté, l’alpha-myrcène est un isomère qui ne se trouve pas dans la nature.

Molécules de myrcène

Synthèse du myrcène

Les plantes produisent du myrcène à partir de l’action d’une synthase déterminée sur le géranyl-pyrophosphate, que nous connaissons grâce à notre article sur le cannabigerol (CBG) et qui prend forme grâce à la combinaison du diméthylallyl-pyrophosphate et de l’isopentényl-pyrophosphate. Son nom provient de Myrcia spaerocarpa, un arbuste qui grandit au Brésil et qui produit une grande quantité de myrcène, il est utilisé depuis des siècles comme plante médicinale.

Souvent, le myrcène se synthétise également de façon artificielle à partir de la pyrolyse (chauffe à 400ºC sans oxygène) du beta-Pinène, qui est en même temps extrait facilement à partir de l’essence de térébenthine. Comme monoterp ène, le myrcène sert également comme précurseur dans la formation d’autres terpènes. Parmi eux, et comme nous l’avons vue dans notre article sur le Hashishene, une dégradation du myrcène dans le haschisch est la cause de l’apparition du terpène baptisé hashishene (5,5-dimetil-1-vinibiciclo[2.1]hexano) par les chercheurs ayant découvert ce phénomène et présent dans presque tous les échantillons de Haschisch.

Synthèse de menthol à partir de myrcène

Saveur et arôme du myrcène

La saveur et l’arôme du myrcène sont fréquents sur de nombreuses variétés de cannabis, ce n’est pas pour rien qu’il s’agit du terpène le plus abondant sur la plante. Il est décrit comme terreux, musqué, avec des notes épicées ou même citriques qui peuvent rappeler les fruits tropicaux. Il est parfois comparé au clou de girofle.

Le Thym, la mangue, le houblon, le laurier… contiennent également du myrcène

 

Propriétés et effets du myrcène

Le myrcène possède un grand nombre de propriétés bénéfiques pour l’organisme prouvées au cours de différentes études. Certains des effets les plus connus sont :

Analgésique : réduction de la douleur
Antibactérien : diminue la croissance des bactéries
Antidiabétique : aide à diminuer les effets du diabète
Anti-inflammatoire : réduit les inflammations
Anti-insomnie : aide à trouver le sommeil
Antimutagène : empêche la mutation des cellules
Antipsychotique : réduit les symptômes de la psychose
Antispasmodique : réduit les spasmes musculaires
Inhibiteur d’ulcères gastriques et duodénaux

En plus de ses propriétés, nous savons que le myrcène fait partie des composants qui entrent en synergie avec les cannabinoïdes comme le THC et le CBD, leur permettant d’être plus efficaces. Il a été démontré que le myrcène modifie la perméabilité des membranes cellulaires, de façon que les autres composants puissent être facilement absorbables par les récepteurs cannabinoïdes de notre corps. Cela signifie un grand avantage aussi bien pour l’utilisateur récréatif que pour l’utilisateur thérapeutique, avec un contenu élevé en myrcène il est possible d’obtenir un meilleur rendement des principaux cannabinoïdes.

Le myrcène augmente l’absorption des cannabinoïdes de la part des récepteurs cannabinoïdes (Image : structure de CB1, Dr.Lee)

 

Par exemple, le myrcène augmente les propriétés du THC pour réduire la douleur ou détendre les muscles, et il permet également d’augmenter l’effet anti-inflammatoire et analgésique du CBD. Une étude menée par Steep Hill Labs (Californie) met en relation directe le contenu du myrcène avec le type d’effets psychoactif délivré par chaque plante ; selon ses conclusions, des contenues supérieures à 0,5% de myrcène provoqueraient les effets typiques des variétés Indica, alors qu’un contenu moindre donnerait comme résultat un effet plus stimulant, propre aux variétés Sativa.

Dans le cas de disposer de variétés riches en myrcène ou de simplement vouloir maximiser l’effet des cannabinoïdes, il est possible de manger une mangue – ou un autre aliment riche en myrcène- 45 minutes avant de consommer du cannabis. Manger de la mangue maximisera la puissance des effets du THC et du CBD grâce à son important contenu en myrcène, facilitant  l’absorption des cannabinoïdes de la part des récepteurs cannabinoïdes CB1 et CB2.

Variété de cannabis riches en myrcène

Même si toutes les banques de graines n’offrent pas d’informations sur le profil de terpènes de leurs variétés, de plus en plus de breeders donnent cette information utile pour de nombreux utilisateurs, spécialement pour les utilisateurs thérapeutiques qui recherchent des effets en concret pour leurs plantes.

Pure Kush de Green House Seeds possède d’importantes concentrations de myrcène

 

Des variétés comme la Pure Kush ou la White Widow de Green House Seeds proposent des niveaux importants de myrcène, de même que la Skunk XL ou la Special Kush de Royal Queen Seeds. Il ne fait aucun doute que dans un futur proche nous pourrons avoir accès à plus d’informations de la part des banques de graines et des breeders à propos des terpènes présents dans leur variétés, de cette façon l’utilisateur qui a besoin de composants précis pourra les obtenir beaucoup plus facilement.

Nous espérons que cet article vous aura permis de mieux comprendre les caractéristiques de cet intéressant terpène.

A bientôt !

Études et publications sur le myrcène consultées pour la rédaction de cet article :

Synthesis of myrcene by pyrolysis of β-pinene: Analysis of decomposition reactions. M.B. Kolicheski, L.C. Cocco, David Alexander Mitchell, M. Kaminski
Plant terpenes: defense responses, phylogenetic analysis, regulation and clinical applications. Bharat Singh, Ram A. Sharma
Terpene Biosynthesis in Glandular Trichomes of Hop. Guodong Wang, Li Tian, Naveed Aziz, Pierre Broun, Xinbin Dai, Ji He, Andrew King, Patrick X. Zhao, Richard A. Dixon
Effects of marihuana in laboratory animals and in man. E.A. Carlini, I.G. Karniol, P.F. Renault, C.R. Schuster
Medicinal cannabis: is delta-9–tetrahydrocannabinol necessary for all its effects? D. Wilkinson, B. J. Whalley, D. Baker, G. Pryce, A. Constanti, S. Gibbons, E. M. Williamson
Taming THC: potential cannabis synergy and phytocannabinoid-terpenoid entourage effects. Ethan B. Russo
The effect of a minor constituent of essential oil from Citrus aurantium: The role of β-myrcene in preventing peptic ulcer disease. Bonamin F, Moraes TM, Dos Santos RC, Kushima H, Faria FM, Silva MA, Junior IV, Nogueira L, Bauab TM, Souza Brito AR, da Rocha LR, Hiruma-Lima CA
Evaluation of anti-inflammatory activity of essential oils from two Asteraceae species. Souza, M. C., Siani, A. C., Ramos, M. F. S., Ramos, M. F. S., Menezes-de-Lima Jr, O., Henriques, M. G. M. O.
Essential oil of Cannabis sativa L. strains.   Mediavilla, S. Steinemann

Source : le Blog d’AlchimiaWeb

Auteur: Philippe Sérié

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