Comme cela avait été relaté dans cette article Nouveau code routier et cannabis médical en Italie, le gouvernement de Giorgia Meloni s’apprêtait à réformer son code de la route. Une des conséquences de ce remaniement était la criminalisation des patients ayant des traitements à base de cannabis thérapeutique car aucune exemption médical était prévu lors de contrôle routier.
C’était sans compter sur l’intervention d’association de patients militant pour le cannabis médical.
Ainsi donc le ministre des Transports, Matteo Salvini , a du faire un volte face, car cela allait à l’encontre du système juridique et des avancées dans le traitement par cannabis thérapeutique.
Un communiqué de presse du député italien Riccardo Magi résume bien ce rebondissement:
« Salvini fait marche arrière sur le cannabis thérapeutique. La loi sera démantelée par le tribunal«
« Hier, le ministre des Transports Salvini a écrit à ses collègues du Département de l’Intérieur et de la Santé, Piantedosi et Schillaci, pour demander la protection des personnes qui utilisent du cannabis thérapeutique dans le nouveau code de la route. Salvini savait déjà qu’une exemption était nécessaire pour ceux qui se soignent avec du cannabis : lors de l’audience, il avait écouté des médecins experts et des associations de patients. Mais il n’a pas accepté ces demandes, il les a même rejetées même lorsqu’il avait la possibilité d’accepter des amendements, comme celui que j’ai signé le premier, qui prévoyait une exemption pour les patients. Aujourd’hui, quelqu’un, hors du temps, a dû lui faire remarquer que ce gâchis judiciaire aurait été invalidé en justice par le premier appel présenté. Et puis essayez de le réparer. »
« La réalité est que toute la réforme de l’article 187 du code de la route, qui entrera en vigueur le 14 décembre, est motivée par une négligence idéologique et risque d’être démantelée par la justice : prévoyant des peines d’arrestation pouvant aller jusqu’à un an, des amendes jusqu’à 6 000 euros et retrait immédiat du permis de conduire pendant 3 ans pour toute personne testée positive au cannabis mais qui a peut-être pris la substance 80 heures avant (c’est la durée pendant laquelle le THC peut rester traçable dans la salive), cela aura des effets dévastateurs sur tout le système judiciaire, ainsi que sur la vie de nombreuses personnes. »
Le cannabis thérapeutique semble retrouver le chemin de la sérénité en Italie.
Ainsi donc le ministre des Transports Salvini a entrepris des mesures afin de rectifier le tir. Objectif à présent : la protection des personnes traitées par des substances psychotropes avec des protocoles thérapeutiques, sous contrôle médical. Pour protéger ces citoyens, Salvini a demandé la création d’un groupe de travail qui établirait d’éventuelles exceptions ou une réglementation détaillée permettant l’identification interprétative des cas de non-sanctionnabilité, dûment certifiés par le médecin traitant, pour les patients soumis à un traitement pharmacologique. qui, en raison du principe actif, du dosage, de la durée et des conditions psycho-physiques générales du patient, convient sans toutefois compromettre l’aptitude à la conduite automobile.
Qui est Riccardo Magi ?
On remonte en 2020 pour la petite histoire …
Riccardo Magi est député +Europa/Radical et il a été protagoniste de la campagne de désobéissance iocoltivo (association italienne qui lutte pour la légalisation du cannabis). Il avait déclenché une polémique en Italie en offrant du cannabis à un patient et en se dénonçant à la police.
« J’ai donné gratuitement le cannabis que j’ai cultivé et produit à Walter De Benedetto après avoir rejoint la campagne #IoColtivo promue par Meglio Legale. Je suis conscient que cette action constitue
un délit au regard de la loi italienne mais je considère cette loi injuste et j’ai l’intention de renforcer par mon action la lutte de Walter pour le respect du droit à la santé et pour la modification de la législation italienne sur les drogues », avait-t-il déclaré en novembre 2020.
Walter De Benedetto , un patient atteint d’une maladie neurodégénérative invalidante qui prenait du cannabis médical pour combattre cette pathologie avait lancé un appel au Président de la République pour demander le respect du droit au traitement . En fait, malgré que le cannabis médical fut déjà légalisé à l’époque, les lourdeurs bureaucratiques rendaient l’accès au produit très compliqué. Ce fut le cas de Walter De Benedetto, qui, pour soulager sa douleur, avait décidé de cultiver la plante dans son jardin potager, se retrouvant ainsi sous le coup d’une enquête pour un délit pour lequel en Italie on risque jusqu’à 6 ans de prison. « Ma demande d’aide est aussi un réquisitoire contre un pays qui viole mon droit à la santé, mon droit à recevoir un traitement adéquat pour mes douleurs. Ce qui est un droit garanti par l’article 32 de la Constitution », avait souligné Walter expliquant que : « Le système a été très prompt à appliquer la loi. Mais je me demande : où est le Parlement lorsqu’il doit défendre et améliorer ses lois ? Mais selon moi, Monsieur le Président, seule la douleur devrait être illégale.«
Ainsi par ce coup d’éclat , le député Maggi avait voulu dénoncé la pénurie cyclique de cannabis dans les pharmacies, les différences régionales en matière de législation et le coût élevé du médicament. Des problèmes dont les patients parlaient depuis des années et auxquels les institutions restaient sourdes