Cannabis : un effet positif du cannabidiol contre la psychose

Si les consommateurs de cannabis s’intéressent au taux de tétrahydrocannabinol (THC), psychoactif, un autre composant trouve aujourd’hui une utilité en psychiatrie : le cannabidiol. Une étude londonienne publiée dans « JAMA Psychiatry » suggère que cette substance non addictive du cannabis permet de moduler l’activité cérébrale anormale des régions impliquées dans la psychose.

« Nos résultats ont commencé à révéler les mécanismes cérébraux d’un médicament qui diffère des antipsychotiques traditionnels », indique au « Quotidien » le Dr Sagnik Bhattacharyya, première auteure de l’étude.

Si les propriétés antipsychotiques du CBD avaient déjà été mises en évidence, les mécanismes en jeu n’étaient pas clairs. « Cette étude nous montre aujourd’hui comment le CBD agirait au niveau des fonctions cérébrales pour traiter la psychose », souligne le Dr Bhattacharyya.

Une seule dose de CBD module l’activité cérébrale

Au total, 33 jeunes patients considérés à haut risque de développer une psychose ont été inclus dans cet essai : 16 ont reçu une dose unique de CBD (âge moyen 22,43 ans) et 17 ont eu un placebo (âge moyen 25,35 ans). Ces deux groupes ont été comparés à un groupe contrôle de 19 sujets sains (âge moyen 23,89 ans). L’activité cérébrale des trois groupes a été évaluée par IRM fonctionnelle.

« Une seule dose de CBD peut normaliser les anomalies des fonctions cérébrales dans des régions clés (striatum, cortex temporal médial et mésencéphale), qui sont anormales chez les personnes atteintes de psychose et qui jouent un rôle central dans l’augmentation du risque de développer une psychose », résume le Dr Bhattacharyya.

La voie vers une nouvelle classe d’antipsychotiques

L’activité cérébrale de ces trois régions était la plus importante chez les sujets sains, et la plus faible chez les patients n’ayant pas reçu de CBD. En revanche, les patients sous CBD avaient une activité cérébrale plus proche de celle des sujets sains. Le CBD semble donc restaurer de manière partielle une activité cérébrale normale. Aucune différence en termes de performance cognitive n’a été mise en évidence entre les groupes.

« Des travaux supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les principaux mécanismes moléculaires à l’origine de l’effet antipsychotique du CBD. Mais ces résultats ouvriront certainement la voie au développement d’une nouvelle classe de traitements antipsychotiques », conclut le Dr Bhattacharyya.

Source :lequotidiendumédecin.fr

Auteur: Philippe Sérié

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